La « guerre civile » est à la mode sur Twitter, et bien que le terme soit hyperbolique, il provient d’une crise de légitimité bien réelle pour le gouvernement fédéral. Le gouverneur d’extrême droite du Texas, Greg Abbott, a ouvertement déclaré qu’il défierait un arrêt de la Cour suprême des États-Unis, et 25 autres gouverneurs ont déclaré leur soutien à Abbott.
Il s’agit d’une escalade dans un différend en cours entre le gouvernement fédéral et le Texas au sujet des barbelés barbelés que la Garde nationale du Texas a construits à Eagle Pass, le long de la frontière américano-mexicaine, dans le cadre de l’opération anti-migrants Lone Star d’Abbott. Depuis des semaines, les soldats de la Garde nationale du Texas empêchaient les agents fédéraux d’accéder à Eagle Pass pour décrocher le câble. Lundi 22 janvier, la Cour suprême a jugé qu’il était inconstitutionnel pour le Texas d’empêcher le gouvernement fédéral de le supprimer. Le lendemain, Abbott a annoncé que malgré cette décision, la Garde nationale du Texas « continuerait à maintenir le cap ». Tous les gouverneurs républicains, sauf un, ont signé une lettre de soutien à Abbott et d’autres républicains éminents, de Trump au président de la Chambre, Mike Johnson, ont également exprimé leur soutien à Abbott dans son bras de fer en cours.
L’immigration – un point chaud dans une crise américaine plus large
Il s’agit du dernier signe d’une crise de légitimité croissante pour le régime Biden. Extrêmement impopulaire – encore plus que Trump ne l’était en tant que président – Biden a du mal à maintenir la stabilité des États-Unis, et l’impasse à la frontière est une expression de droite de l’échec de Biden à empêcher l’État d’imploser. Le fait qu’autant d’élus se tiennent aux côtés d’Abbott alors qu’il défie un ordre de la Cour suprême illustre à quel point la crise au sein du gouvernement est profonde et comment la perte de légitimité des institutions clés du régime américain s’exprime à la fois à gauche et à droite.
Des politiciens d’extrême droite mènent une campagne continue dans tout le pays pour utiliser la crise des migrants comme une arme contre l’administration Biden. Leurs tactiques ont consisté à transporter des migrants par bus vers des villes dirigées par les démocrates pour attiser le chaos et à déployer des forces de l’État à la frontière pour aider l’opération Lone Star, au mépris de la politique fédérale. Cette dernière décision d’Abbott marque un saut qualitatif dans la mesure dans laquelle l’extrême droite est prête à remettre en question l’entière légitimité des politiques d’immigration du gouvernement fédéral.
Le fait est que les capitalistes américains et leurs différents représentants au sein du gouvernement ne parviennent pas à s’entendre sur la marche à suivre face au nombre croissant de migrants arrivant aux États-Unis. Cependant, le différend entre les gouvernements des États à l’origine de l’opération Lone Star et le gouvernement fédéral ne porte pas sur l’opportunité de laisser entrer les migrants, mais plutôt sur la manière de les empêcher le plus efficacement possible d’entrer et de maintenir la stabilité intérieure.
Alors que les républicains accusent Biden d’être faible en matière d’immigration, son administration a effectivement poursuivi la politique draconienne de Trump. Mais les flancs gauche et droit de Biden au sein du Parti démocrate ont cherché à affiner ces politiques. Les démocrates sont d’accord avec le maintien du système d’immigration répressif, mais certains poussent le gouvernement à augmenter le volume de migration vers les États-Unis tandis que d’autres souhaitent encore plus de restrictions. Biden n’a pas réussi à unir ces différentes ailes, et n’a certainement pas réussi à négocier un accord avec les républicains. L’incapacité des différentes factions gouvernementales à parvenir à un consensus sur l’immigration devient explosive, comme nous le constatons actuellement.
Organiser une lutte contre l’extrême droite
Il est indéniable que l’extrême droite représente une menace non seulement en tant que milices, mais aussi en tant que force représentée au sein du gouvernement américain, capable d’utiliser les mécanismes de l’État pour lutter pour un programme réactionnaire. La crise qui se développe autour de la frontière ne sera pas la dernière démonstration de la puissance institutionnelle de l’extrême droite.
Beaucoup appellent Biden à déployer l’armée américaine et à prendre le contrôle de la Garde nationale du Texas afin de contrôler Abbott. Aucun socialiste ne devrait se joindre à ces appels. Comme indiqué ci-dessus, Biden lui-même mène la guerre contre les migrants. Tout renforcement du gouvernement fédéral en réponse à Abbott servira à poursuivre la guerre contre les migrants à long terme.
Cette crise montre cependant que la gauche, les travailleurs et tous ceux qui soutiennent les migrants doivent organiser leur propre lutte contre l’extrême droite. Comme je l’ai soutenu en novembre 2022, la guerre contre les migrants affaiblit le pouvoir de la classe ouvrière aux États-Unis et dans le monde. En plus de diviser notre pouvoir collectif au-delà des frontières pour résister aux attaques des capitalistes, la guerre contre les migrants fait partie de la stratégie de l’extrême droite visant à renforcer le pouvoir autoritaire de l’État contre la classe ouvrière et les communautés opprimées aux États-Unis. La classe ouvrière a tout intérêt à résister à l’extrême droite et à sa guerre contre les migrants, et nous devons utiliser notre propre pouvoir – et non compter sur les démocrates ou l’État pour se battre à nos côtés.
Les travailleurs de tout le pays, mais particulièrement dans les États dont les gouverneurs soutiennent l’Opération Lone Star, peuvent riposter en utilisant des méthodes telles que des grèves, des débrayages et des piquets de grève, exigeant la fin de la guerre contre les migrants. Parallèlement à cela, les travailleurs devraient résister à tout renforcement des forces répressives de l’État, depuis la Garde nationale jusqu’aux agences fédérales chargées du contrôle des frontières, qui sont toutes des institutions créées pour attaquer notre classe. Nous devons commencer à organiser ce combat immédiatement, car nous constatons à quel point nos ennemis sont organisés.
Samuel Karlin
Samuel Karlin est un socialiste avec une formation en journalisme. Il écrit principalement pour Left Voice sur l’impérialisme américain et la lutte des classes internationale.
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