Après avoir déposé un budget qui a coupé des milliards de dollars dans le financement des soins de santé et de l’éducation, au nom de la suppression d’un « déficit » de 33 milliards de dollars, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et ses comptables ont soudainement annoncé qu’ils avaient découvert un excédent de 2,1 milliards de dollars.
C’est une erreur comptable de 35,1 milliards de dollars. Elle pose l’éternelle question : incompétence ou corruption. La réponse peut être les deux. Lorsque Ford défend son gouvernement pour avoir réduit les budgets de l’éducation et de la santé, il cite inévitablement des dépenses énormes. Il est là-bas avec son casque et sa pelle en argent pour la séance photo, mais les annonces de dépenses sont exagérées, voire carrément fictives.
Prenons par exemple sa récente annonce de « Generations », un nouvel établissement de soins de longue durée à Toronto. Le communiqué de presse officiel du gouvernement ne précise pas ce que les conservateurs dépensent pour le projet, mais seulement qu’il fait partie d’un plan de 6,4 milliards de dollars visant à construire 30 000 places en SLD d’ici 2028.
Generations est présenté comme « à but non lucratif », mais il s’agit d’un partenariat public-privé. Il créera 122 lits d’ici 2026. Il y a un énorme écart entre 122 et 30 000. Il y a actuellement 38 000 personnes âgées sur des listes d’attente pour une place en SLD.
Alors que les documents gouvernementaux auto-congratulants citent d’énormes quantités bon gré mal gré, les vrais comptables racontent une histoire différente.
Le Financial Accountability Office rapporte que le financement des projets de soins de longue durée est en train d’être réduit. Le financement des services de SLD est réduit de 0,4 %, soit plus de 26 millions de dollars de moins que l’an dernier. Le financement global des projets du ministère des Soins de longue durée est en baisse de 315 millions de dollars, et les projets d’immobilisations des SLD sont en baisse de 376 millions de dollars.
Ce sont des coupes dans un secteur qui était en crise avant que COVID n’arrache le couvercle des conditions scandaleuses des SLD – des conditions qui ont incité les conservateurs de Ford à se précipiter pour adopter des lois protégeant les opérateurs privés de SLD contre les poursuites.
La séance de photos médiatiques fantaisiste de Ford pour SLD est un pur blanchiment, une distraction des attaques incessantes de son gouvernement contre la population âgée, handicapée et vulnérable de l’Ontario. Le véritable programme conservateur est incarné par le projet de loi 7, adopté à toute vitesse par la législature sans examen public, permettant aux bureaucrates du gouvernement et des hôpitaux de dépouiller les personnes âgées malades de leurs droits, de les retirer de l’hôpital et de les jeter dans n’importe quel établissement de SLD à but lucratif qu’ils n’ont pas choisi, loin de leur foyer, de leur famille et de leurs réseaux de soutien.
Les aînés qui osent refuser un déménagement non désiré se verront facturer entre 400 $ et 1 800 $ par jour pour rester à l’hôpital. Interrogé sur cette belle Ford, il a répondu : « Je peux très bien vous garantir que ce ne sera pas 1 800 $. » Quelle sportive.
Mais Ford n’est rien sinon juste. Il abuse autant des enfants que des aînés.
Enfouie profondément dans son budget se trouve cette justification d’une réduction de 1,3 $ des dépenses d’éducation : les écoles n’organisent pas suffisamment de ventes de pâtisseries et de collectes de bouteilles.
« Les dépenses du secteur de l’éducation devraient être inférieures principalement parce que les conseils scolaires ont connu une baisse des revenus non gouvernementaux, provenant de sources telles que la collecte de fonds, l’utilisation communautaire des écoles et les frais de scolarité des étudiants internationaux, et des inscriptions inférieures aux prévisions. Cela se traduit par une diminution prévue de 1,3 milliard de dollars.
À une époque où les conservateurs exigent davantage des écoles pour rattraper le terrain perdu, ils réduisent le financement. Ils blâment en partie la «baisse des inscriptions» tout en encourageant l’enseignement public pour les riches. La spirale descendante vers une éducation à deux niveaux s’accélère.
Donc, si Ford a magiquement découvert des milliards pour accorder des allégements fiscaux à ses amis corporatifs et les dépenser pour des autoroutes indésirables, rappelez-vous d’où vient l’argent. Ce qui était autrefois considéré comme de la maltraitance des personnes âgées est maintenant une politique gouvernementale.
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